Silas Wamangituka, 18 ans, a signé cette semaine son premier contrat pro au Paris FC et pourrait entrer en jeu ce vendredi soir à Ajaccio. Attaquant à fort potentiel, le ballon rond lui a permis de s’extirper des rues de Kinshasa, en RD Congo.
Mardi, le Paris FC a fait signer un contrat professionnel de trois ans à Silas Wamangituka. Une sage précaution après son entrée très remarquée contre Troyes (2-0) il y a quinze jours après deux mois à attendre sa qualification. Avec son jeune attaquant congolais de 18 ans, le PFC tient une véritable pépite qui attire déjà les convoitises.
Dans les rues de Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo, Silas a longtemps participé à des matchs acharnés jusqu’au bout de la nuit. « C’était dur, tout le monde se battait pour réussir. Moi, j’ai eu la chance d’être repéré et d’en sortir », explique Silas. A 12 ans, il intègre l’académie Black Mountain Sport, une entité de l’agence de management fondée en 2012 et présidée par l’ex-international Nicolas Anelka.
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Quand on l’a récupéré, c’était un enfant de la rue, un peu démuni », se souvient son agent et désormais tuteur, Olivier Belesi, le juriste de Black Mountain. «
Mon père est fonctionnaire mais il n’est plus payé depuis plusieurs mois. Et ma mère est caissière, raconte Silas. J’ai trois soeurs. Chez nous, c’était un peu compliqué. Comme beaucoup d’Africains, j’ai une obligation de réussir pour aider ma famille. »
« Je dois serrer les dents et bosser »
Ses performances avec l’Olympic Matete FC, le club rattaché à l’académie, lui ont ouvert les portes de l’Europe. « Olivier (Belesi) m’a dit : Ta place n’est plus ici », poursuit Silas. « Je crois fort en ce garçon, il a des qualités de vitesse incroyable, il est puissant et bon techniquement. En plus, il est humble et respectueux », souligne son agent. Proche de signer à Montpellier la saison dernière, l’attaquant s’est finalement retrouvé à Alès (National 3).
« Montpellier était séduit mais il n’y avait plus de place au centre, explique Olivier Belesi. Robert Nouzaret l’a dirigé vers Alès pour garder un œil sur lui. » Alors âgé de 17 ans, le jeune attaquant est logé et nourri dans un centre géré par la mairie d’Alès. « Par rapport à Kinshasa, le changement a été brutal, reconnaît-il. Mais je ne pense pas à l’éloignement. Je dois serrer les dents et bosser. A Alès, j’ai dû faire mes preuves car beaucoup ne croyaient pas en moi. »
Après un essai concluant, il a signé en juin un contrat de stagiaire avec le Paris FC. « Je connaissais bien Pierre Dréossi, donc je lui ai proposé de prendre Silas pour la réserve », explique Olivier Belesi. Père de trois jeunes enfants, ce dernier a accueilli son protégé chez lui à Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). « Je considère Olivier comme mon deuxième papa, reconnaît Silas. En habitant chez lui, je suis mieux encadré. »
Une paire de chaussures de foot
Intégré au groupe de Ligue 2 dès la reprise, l’attaquant (1, 85 m) a rapidement fait l’unanimité. « J’aime beaucoup ce gamin, souligne Mécha Bazdarevic, le coach. Il est à l’écoute, travailleur. Il est jeune, donc on ne lui met pas trop de pression. Mais s’il continue comme ça, il va progresser très vite et il ira loin. » « Dans un milieu comme le foot où l’humain passe souvent au second plan, c’est important pour Silas d’avoir rencontré un grand monsieur comme Mécha, considère Olivier Belesi. Il s’est comporté comme un père. Il lui a offert une paire de chaussures de foot, ça l’a beaucoup touché. Il est entre de bonnes mains. Il a tout les atouts pour aller au bout de ses rêves. »
Wamangituka, qui a choisi le numéro 28, se dit « heureux d’avoir signé pro ». « Rien n’est fait, mais ça me tranquillise l’esprit et ça permet de montrer à ma famille et mes proches que j’avance et que je n’ai pas quitté le pays pour rien », conclut-il.
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