Moïse Katumbi, le Tout Puissant

Suivi des clubs congolais dans les différents championnats locaux : Linafoot, Epfkin, Coupe du Congo...
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BXL
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Moïse Katumbi, le Tout Puissant

Message par BXL »

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Moïse Katumbi, le Tout Puissant
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Moïse Katumbi Chapwe, teint métissé, sourire permanent, charmeur, est aujourd’hui l’un des poids lourds du football africain. Le président du TP Mazembe, 49 ans, vainqueur de la Ligue des champions africaines en 2009 et 2010, est un homme qui compte sur le continent et pas seulement en raison de son rôle politique en tant que gouverneur de la région du Katanga, la plus riche de la République démocratique du Congo. Pour la première fois depuis sa prise de fonction comme président en 1997, il a vendu des joueurs à un club français : Sunzu (800000 euros) et Sinkala (prêté) ont renforcé Sochaux cet hiver. En cet après-midi ensoleillé de fin janvier, il a accepté de nous parler à Cape Town, en marge du CHAN, de sa passion pour le ballon, de son parcours et de ses ambitions. Car Moïse Katumbi, riche homme d’affaires, rêve en grand pour son club. Et il le dit.

Comment êtes-vous arrivé dans le football ?

Mon grand frère était le président du TP Mazembe pendant 19 ans et j’adorais moi aussi le foot. Je suis devenu président du club de Corbeau à 17 ans. Nous sommes montés de D2 en D1 et puis il y a eu la fusion entre Mazembe et mon équipe.

En parallèle, vous étiez aussi dans le monde des affaires ?

Je viens d’une famille qui a toujours évolué dans les affaires. Mon père était un grand opérateur économique comme mon grand frère. On était fournisseur à la Gécamines (société générale des carrières et des mines, société d’état qui gère les exploitations minières de la province du Katanga) : on a donc fait de la sous-traitance pendant 30 ans à un moment où le dollar avait de la valeur au début des années 70. On avait un contrat mensuel de 5 millions de dollars à l’époque et nous étions transporteurs de minerais, notamment le cuivre. Nous travaillions aussi en Zambie. Vers les années 80, j’ai formé ma petite société. J’ai fourni à la Gécamines le maïs et le poisson… J’ai aussi travaillé dans la mine et en Zambie, j’avais des sociétés dont l’une d’émeraudes. C’est par hasard que je suis tombé dans le politique. Mais je n’aime pas la politique.

Mais vous êtes quand même le gouverneur de la région du Katanga depuis 2007…

Mais ma passion, c’est le foot. Et je ne suis pas connu à cause de la politique au pays.

Vous avez été élu président en 1997. Mais pourquoi vous êtes vous exilé en Afrique du Sud jusqu’en 2003 ?

Disons que c’était un exil imaginaire car mon grand frère avait des intentions politiques. Et vous savez l’Afrique, ce n’est pas l’Europe… On fait plus attention (sourire). C’est ensuite grâce à la Fédé et aux supporters que je suis rentré au Congo. Et je me suis dit que j’allais mettre mes moyens dans le foot vu leur soutien.

moise-katumbi-tp-mazembe-kalombi-patrice-carteron-entraineur-selectionneur-300x199TP-Mazembe-la-pelouse-synthetique-posee-au-stade-Mwanke_full_article-300x224Vous avez donc d’abord cherché à structurer le club…

… C’était important, on a commencé à restructurer en 2003 avec l’appui de la fédé. On a pris des professionnels, des Européens qui nous ont aidés en 2004. Ce fut d’abord un Belge, Christian Rousseau, puis est venu en 2010 Jérôme Champagne. Faire de notre équipe d’amateurs une société était le but. Ça ne dépendait d’ailleurs pas que de moi mais aussi du comité de Mazembe et du respect de la parole donnée. Même à 17 ans, avec ma petite équipe et pas énormément de moyens, j’ai toujours respecté les salaires. Je payais 50 dollars par joueur et c’était beaucoup pour moi.

Quelle était la politique des transferts alors ?

Il fallait avoir une vision. Quand j’étais en exil, pour les transferts entre clubs au Congo, c’était 500 dollars par joueur maximum à Kinshasa. Comment un club peut fonctionner avec 500 dollars ? Je me suis dit qu’il fallait réinvestir dans notre football car il existait une bonne vision de notre fédération. Mon premier transfert a été de 30000 dollars. Et les autres présidents ont suivi. Aujourd’hui on a des transferts de 500000 ou 600000 dollars. Et ce n’est pas seulement Moïse Katumbi. Nous sommes dans un pays en reconstruction, il fallait redonner la confiance aux investisseurs. Et des sponsors viennent maintenant appuyer le foot congolais.

Vous avez aussi construit un stade. Etait-ce nécessaire ?

Quand je suis rentré d’exil, je l’avais promis aux supporters. Il a été commencé en 2005. ça a coûté 2 millions de dollars en attendant l’arrivée des sponsors. Ce qui nous a aidés, ce sont les résultats de l’équipe. Nous sommes allés en finale de la Coupe du monde des clubs en 2010 (défaite contre l’Inter, 3-0) et la cagnotte a été de 2 millions. On a toqué ensuite aux portes et les gens, vu nos résultats, ont voulu investir dans le Tout Puissant. Nous avons aujourd’hui un stade d’environ 18000 places assises mais nous voulons entrer dans une phase 2. Car chez nous, on remplirait 100000 places pour un grand match. On ne joue pas seulement le week-end et les gens fuient le travail le lundi ou le mercredi pour assister à un match. La passion des Congolais ressemble à celle des Brésiliens.

En plus de tout ça, nous avons une clinique pour les joueurs, une salle de rééducation, c’est un projet sur le long terme. Ça coûte beaucoup car en Europe, vous avez les droits TV, la pub mais ça va arriver en Afrique. C’est dans cet esprit de développement que nous avons choisi de prendre Patrice Carteron parmi 10 ou 12 entraîneurs qui avaient postulé. Il est jeune, a joué au foot. Il avait toutes les caractéristiques.

imagesEGC74OBQVous possédez votre avion. Pourquoi ?

Il faut bien comprendre notre situation. En Europe, vous voulez aller à Londres, en Suisse, vous avez le TGV, le bus, les avions… Chez nous, en Afrique, il y a un grand problème de transports. Quand vous quittez Lubumbashi pour aller en Egypte, vous devez passer par la France… Et il faut demander le visa de transit. Si vous avez de la chance, vous l’obtenez, sinon… Quand vous avez une délégation de 60 personnes minimum entre le prix du billet, du transit et l’hôtel sur place, le coût du voyage vous revient à 300000 euros. Avec votre propre avion, c’est 60000 euros. J’ai réfléchi en tant qu’opérateur économique. Et nous venons de finir de rembourser notre prêt à la banque commerciale du Congo. En plus, parfois, on arrivait au Maroc, en Egypte ou à Alger sans nos équipements, sans nos vareuses. Ils s’étaient perdus…. Et quand les magasins sont fermés sur place, vous devez envoyer quelqu’un dans un autre pays ou ramener une personne d’Europe avec des équipements. C’était un gros problème. Une fois, on nous a même demandé de changer les couleurs de nos maillots et nous avions été contraints d’acheter des bombes de peinture et d’asperger nos maillots le jour même !

Si nous avions des correspondances partout en Afrique, on n’aurait pas besoin de notre avion. Mais aujourd’hui, c’est impossible… Tenez, à Dubaï, nous sommes restés à l’aéroport pendant 4 jours par manque de connexion ! Car notre avion était arrivé 20 minutes trop tard et nous n’avions pas de visas de transit.

Etait-ce facile d’imposer une nouvelle mentalité ?

Non, on a du déjà préparer nos joueurs car il y avait une forme de complexe. Quand je suis rentré d’exil, les joueurs ne pouvaient même pas cogner certaines équipes car ils avaient peur. J’ai donc pensé à amener l’équipe en Europe. On a joué Arsenal, Séville, Charleroi, Anderlecht, cinq matches en tout, avec des jeunes gens. On a perdu contre Arsenal (1-0). C’est cette équipe du TP Mazembe qui est ensuite allée en finale à Abou Dabi pour la Coupe du monde des clubs. On s’est dit que ces jeunes allaient prendre de l’âge, on a donc créé notre école de foot avec monsieur Régis Laguesse. D’ici trois ans, nous aurons des joueurs qui dépasseront peut-être Messi. Je rêve peut-être mais il y a un joueur qu’on appelle Pelé chez nous, vous allez voir… C’est un phénomène. Il y a des grands talents à Mazembe.

La victoire en Ligue des champions a aussi assis votre réputation, non ?

C’était surtout un moment palpitant. Il y avait le Président de la République, nous avions une immense responsabilité ! On a raté 22 corners car il y avait la pression du public. On a gagné (1-0). Pour la deuxième victoire, contre l’Espérance de Tunis, on s’est imposé à Lubumbashi (5-0) avant de réussir un nul en Tunisie (1-1). Il fallait voir les Tunisiens, il ne voulaient pas nous remettre la Coupe, ils l’ont jetée à terre et elle était pratiquement pliée en deux… Dans la vie, il faut savoir perdre avec honneur. Nous avons perdu la Coupe des Confédérations cette année et nous avons applaudi nos adversaires de Sfax.

Votre effectif est très hétéroclite. Vous attirez énormément d’étrangers. Pourquoi ?

Ce qui m’a poussé à aller chercher les joueurs ailleurs, ce sont aussi les faux managers qui dérangent nos joueurs, les prennent et les envoient en Europe. Et ils restent ensuite dans la rue. Nous nous sommes dit : on vient piquer chez nous mais nous ne sommes pas des voleurs, nous allons négocier avec des clubs pour montrer aux Congolais que les autres pays peuvent envoyer des joueurs chez nous. En plus, nos supporters sont tellement habitués à la victoire qu’ils sont exigeants. Mais nous sommes en train de préparer la relève qui a joué à Zurich le tournoi des jeunes en 2011. Je sais que ce n’est pas bien pour notre équipe nationale ce qui se passe en ce moment mais d’ici 3 à 4 ans, nous aurons le maximum de joueurs venant de notre Académie. On a un autre problème : certains clubs congolais ne veulent pas nous vendre leurs joueurs pour éviter de nous renforcer et préfèrent les envoyer en Angola.

Quels sont les types de contrats ?

Nos avons des contrats de 5 ans ou de 3 ans.

On dit que vous donnez des salaires très élevés et que c’est la raison pour laquelle Tresor Mputu, la star, a longtemps préféré rester avant de partir tout juste en Angola ?

Trésor a d’abord eu Arsenal puis il est allé à Lille aussi. On croyait que je bloquais le joueur mais au bout de deux jours, il est revenu. Même pour l’Angola, ça a été compliqué mais je l’ai convaincu. Lui c’était personnel. Et les salaires dépendent des joueurs. Zlatan n’a pas le même qu’un autre. Il y en a chez Mazembe qui ont 70000 euros le mois et nous donnons des primes de match.

Quel est l’avenir du Tout Puissant Mazembe ?

Nous voulons pérenniser le club et un jour prendre la Coupe du monde des clubs. On travaille pour ça. Nous avons des talents chez nous et les joueurs de Laguesse arrivent. Vous savez que nous récupérons par an 11 joueurs sur des tests de 18000 jeunes ! Vous pourriez faire de tests avec 100000 joueurs. Les jeunes veulent venir chez nous.

Il y a une fierté à porter votre maillot ?

Bien sûr, en Tanzanie, vous retrouvez des gens avec le maillot de Mazembe, en Zambie, au Mali aussi. C’est une fierté non seulement pour le Congo mais aussi pour le continent.

Le TP Mazembe, c’est si énorme ?

Bien sûr et pas seulement à Lubumbashi, c’est un patrimoine du pays. Quand on joue, que ce soit à Goma ou Kinshasa, on nous supporte. Un militaire me disait même que pendant la guerre, des deux côtés (rébellion ou armée), on arrêtait de se battre quand nous jouions. Tout le monde suivait d’abord le match et ensuite seulement repartait au combat. Le foot peut ramener la paix. Quand nous avons gagné la C1, il y a eu un cessez le feu automatique, non officiel ! (rire) Les joueurs en sont conscients. Ils m’ont d’ailleurs redonné leurs primes de défaite en Coupe de la CAF pour les offrir aux déplacés de guerre à l’Est de notre pays. Nous avons envoyé 200000 dollars au gouverneur du Nord Kivu. Je les ai félicités. Le foot peut fédérer, c’est vraiment un bon exemple à suivre.

HERVE PENOT (twitter: hpenot_lequipe)

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Re: Moïse Katumbi, le Tout Puissant

Message par chidap »

ce que je regrette ; le TPM est devenu une équipe de la diaspora malienno-ghanéo-zambien !

Carteron va nous ramène tous ces contacts laissés à Bamako
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BXL
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Re: Moïse Katumbi, le Tout Puissant

Message par BXL »

chidap a écrit :ce que je regrette ; le TPM est devenu une équipe de la diaspora malienno-ghanéo-zambien !

Carteron va nous ramène tous ces contacts laissés à Bamako
Je suis devenu fan de L'shi Sport. Une équipe 100% congolaise. Et ca joue tres bien au foot.
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wantanshi
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Re: Moïse Katumbi, le Tout Puissant

Message par wantanshi »

BXL a écrit :
chidap a écrit :ce que je regrette ; le TPM est devenu une équipe de la diaspora malienno-ghanéo-zambien !

Carteron va nous ramène tous ces contacts laissés à Bamako
Je suis devenu fan de L'shi Sport. Une équipe 100% congolaise. Et ca joue tres bien au foot.
Kie kie kie !!! Dans tout investissement, il y a un projet à court terme,à moyen terme et à long terme... A court terme pour avoir des résultats il nous faut des joueurs déjà aguerris... Et à moyen voir à long terme on récupérera dans le centre de formation (Katumbi Football Aca-démon :D)... C'est en tout cas le cas théorique tel que expliqué par le "chairman" !

Concernant Lubumbashi Sport, je me disais qu'en tant qu'ancien enfant Gécamines (le club appartenant a l'ex union minière du haut Katanga, comme Lupopo l'est pour la SNCC) je me lancerai probablement, d'ici quelques années, dans le sponsoring de ce club... Le TP Mazembe étant miné, c'est le seul choix que j'ai et ce projet m'a fait bcp de bien, rien qu'a y penser :D C'est bizarre que tu parles du même club vieux frère !
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