Florent Ibenge revient sur son stage CAF-PRO au Maroc

Par Paul Kazozo
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Au retour de son stage au Maroc où il avait été sélectionné par la CAF pour intégrer la première promotion de la Licence CAF-PRO, Léopardsfoot est parti tendre son micro au sélectionneur national Florent Ibenge pour recueillir son retour d’expérience quant à la teneur de cette Licence, les raisons de son choix dans cette première promotion restreinte ainsi que les bénéfices que pourront tirer les futurs entraîneurs détenteurs de cette nouvelle licence CAF.

Leopardsfoot : Après le match aller des 16èmes de finale de la ligue des champions de la Caf, entre Difaa Hassan El Jadida et V.Club (1-0), vous êtes resté au Maroc, pour un stage. Pouvez-vous nous en dire plus la teneur de ce stage ?
Florent Ibenge : Avant tout, permettez-moi de dire merci à toutes les personnes qui ont concouru à ce que je participe à ce stage. Celui-ci est, en soi, un modèle d’un diplôme Caf-Pro pour les entraîneurs professionnels. Il s’agit de dix modules  de trois à cinq jours et repartis sur deux saisons sportives avec au bout un examen ou des contrôles continus. A chaque module suit nécessairement une évaluation sans oublier un examen terminal obligatoire. On retient aussi qu’à la fin, on est appelé à faire un stage d’une semaine dans un club professionnel comme le FC Barcelone ou encore le Real Madrid ou tout autre club professionnel de haut niveau. Bref, c’est un stage dans une équipe  choisie par le stagiaire lui-même et qu’il doit conclure par un rapport de stage.

Leopardsfoot : Qui sont les initiateurs et responsable de cette nouvelle Licence ?
Florent Ibenge : L’examinateur s’appelle Jean Pierre Morlan, l’ancien Directeur national adjoint de la France. Quand j’ai passé l’examen de mon diplôme à Clairefontaine, Morlan s’y trouvait encore. En dehors de lui, l’intervenant sur le terrain était Patrick Gonfalonne, le responsable du DPF professionnel, l’équivalent de l’examen professionnel en France.  Je réalise que c’est un pas extraordinaire pour l’Afrique quand on sait que les Européens, en général et les Français, en particulier, sont très protecteurs de leurs diplômes, dans tous les domaines. La conséquence est que les Africains pourront désormais avoir la même qualification que les européens. Le président de la CAF qui m’a choisi voulait que, dans l’avenir, quand les européens  débarquent en Afrique pour un job, qu’on leur exige également une Licence de la CAF pour besoin de réciprocité.

Leopardsfoot : C’est donc une fierté d’avoir été choisi pour cette première promotion ?
Florent Ibenge : Il se trouve que c’est un diplôme professionnel qui s’organise sur le continent. C’est une première expérience du genre organisée par le Maroc, le pays le plus en avance en matière de développement du football en Afrique. Pour preuve, les résultats glanés ici et là, par le royaume chérifien (sélection et clubs) n’est pas un fait hasardeux. Il y a dix ans, ce pays maghrébin était contre balancé par une série de  problèmes entre ses joueurs locaux et ceux évoluant à l’extérieur. Ce qui fait qu’à la retraite de  Jean Pierre Morlan, le Maroc a fait appel à lui comme DTN où il y est depuis une décennie. La preuve est que depuis, des infrastructures sportives  y ont poussé comme des champignons et pour lesquelles, le Maroc se bat pour l’organisation de la phase finale d’une coupe du monde en 2026. Ainsi, le centre de formation de la fédération marocaine de football  n’a rien à envier à Clairefontaine. D’ailleurs, on y érige un hôtel cinq étoiles pour les Lions de l’Atlas. Tout ce qui est fait en amont peut justifier la qualification de l’équipe nationale pour le Mondial 2018, autant que le titre de la ligue de la Caf remporté par le Wac ainsi que le titre du Chan, remporté par les mêmes marocains.

Leopardsfoot : Jusqu’ici vous n’avez pas justifié votre choix
Florent Ibenge : Rires… Nous étions 4 à être choisis pour ce premier stage en Afrique et au Maroc où s’y organise un véritable championnat professionnel. Ce séminaire va s’organiser, dans l’avenir, dans d’autres parties du continent où se jouent aussi des compétitions professionnelles, après vérification sur terrain. En ce qui nous concerne, le président de la Caf a demandé à la fédération marocaine si on peut y adjoindre d’autres coaches que le n°1 de la Caf  a jugés  « emblématiques ». En même temps, le président de la Caf a demandé à la commission technique de l’instance continentale dirigée par le zambien Kalusha Bwalya avec comme adjoint, le ghanéen Anthony Bafoe, de lui présenter quelques noms. Aussi a-t-on  porté le dévolu sur  l’égyptien Hassan Shehata, le sénégalais Aliou Cissé, le sud-africain Pitso Mosimane et le congolais, Florent Ibenge. Le tunisien Habib Maloul bénéficiaire de ce choix n’a pas été au rendez-vous du fait qu’il est déjà détenteur de ce même titre en Asie. Et pour moi, c’est l’occasion idéale de remercier tout le monde que j’ai côtoyé tout au long de mon parcours dans V.Club ou au sein des Léopards. Dans V.Club,  je pense au Général Amisi et au défunt Papa Pierre Kazadi Tshishishi qui ont permis que je revienne travailler au pays. Je ne peux oublier le président de la Fecofa, Constant Omari, le même qui m’a repéré pour l’équipe nationale. Il en est de tous les joueurs que j’ai eu à ma disposition. Il en est de même pour tous les collègues entraîneurs, des dirigeants des clubs sans oublier le public et la presse. Ensemble, la main dans la main,  nous pouvons porter très haut l’étendard du football national. Mon vœu le plus pieux est qu’à l’avenir, dans chaque compétition, qu’on arrive au dernier carré. Les atouts ne manquent pas d’autant qu’on a du potentiel.

Leopardsfoot : A ces vœux émis, y a-t-il des moyens conséquents ?
Florent Ibenge : L’on devrait se donner des moyens suffisants. C’est le cas du Maroc qui s’est bien préparé pendant dix ans et pour sa qualification pour le Mondial 2018 et pour sa candidature. Chez nous, sans préparation en amont, on dit simplement comme par une baguette magique et sans aucune projection planifiée : « Il faut qu’on ramène des médailles ». A nous de nous y apprêter, en tout et pour tout, et dire que l’on veut gagner et à quelles échéances. Notre élimination de la campagne de la Russie 2018 devrait nous interpeller. Cet échec doit être considéré  comme l’an 1 de cette envie d’être toujours présent. On devrait se mettre au travail dès à présent en relançant le football d’âge dans les catégories des U-17 et de U-20. Comme la prochaine coupe du monde est prévue en 2022, la moyenne d’âge des joueurs devrait être de 25 ans. Raison de plus pour nous occuper des U-20. Sans cela, l’avenir paraît sombre et ce sera une hérésie que d’y penser. Autant dire que la réussite future de la RDC est au bout d’une vraie politique de développement, tous ensemble et chacun à son poste, sans aucune polémique. Pour moi, le fait qu’on ait choisi un congolais comme entraîneur, parmi les cinq, c’est une fierté congolaise dans l’ensemble. J’espère qu’il y aura d’autres fils de ce pays après moi. Le fait d’avoir  déjà d’autres congolais dans les rouages de la Caf, c’est aussi notre fierté à tous. Olivier Safari, le seul arbitre-assistant à la coupe du monde 2018 est aussi une fierté congolaise.

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