Ce que Imbula peut apporter aux léopards

Par Muko
337 Vues

A défaut de compter sur Samuel Moutoussamy pour cette fois, les supporters des léopards devront se consoler avec un atout inattendu, convoité depuis de longues années. En acceptant, à 26 ans, de représenter la RDC, Giannelli Imbula met fin au feuilleton sur sa carrière internationale. Né à Vilvoorde (Belgique) de parents Congolais et ayant grandi en France, le longiligne milieu de terrain a longtemps repoussé les avances de son pays d’origine, qui s’était pourtant manifesté dès 2012 alors qu’il évoluait encore à Guingamp. Zoom sur un renfort controversé aux allures de véritable pari. 

Un joueur au profil potentiellement bénéfique pour la sélection…

  • En obtenant l’accord de Giannelli Imbula, Florent Ibenge tient un joueur qu’il apprécie depuis longtemps, et dont le profil manque cruellement à la sélection. Courroie de transmission entre la défense et l’attaque, l’ancien Marseillais est un relayeur pur jus. Il aime se projeter vers l’avant et le fait avec brio lorsqu’il est dans un jour de forme. Néanmoins, il n’est pas vraiment un créateur (comme en témoigne le peu de passes décisives qu’il délivre) mais avec Paul-José Mpoku et surtout Trésor Mputu, les léopards apparaissent sevrés dans cet aspect.
  • Très critiqué tout au long de cette dernière année, l’entrejeu des léopards se voit renforcé d’un joueur techniquement fin, qui excelle à casser des lignes et à orienter le jeu. Lorsqu’il évoluait à l’OM, les mises en parallèle avec Paul Pogba fusaient, en raison de sa morphologie et son style de jeu, bien que l’intéressé ait déclaré ne pas se reconnaître dans ces comparaisons répétées. Grand amoureux du ballon, il éprouve parfois des difficultés à le lâcher, et peut engendrer des pertes de balles évitables par excès d’opportunisme.
  • Au sein du 4-3-3 tant prisé par le sélectionneur, le joueur sous contrat avec Stoke pourrait tout à fait s’épanouir. Doté d’un jeu de passe précis, il aurait un rôle central dans la fluidité des transmissions et l’aération du jeu. De plus, le fait qu’il soit gaucher représente une variété loin d’être négligeable dans l’entrejeu. Toutefois, il convient de noter que Giannelli Imbula n’est pas un travailleur acharné à la récupération, et peut se montrer nonchalant. Si le joueur formé à Guingamp est titularisé, son compère du milieu pourrait alors se voir contraint de compenser cet aspect.
  • C’est avec la rigueur de Marcelo Bielsa, que le joueur considère aujourd’hui comme le meilleur entraîneur qu’il ait eu, que Giannelli Imbula a exprimé le meilleur de lui-même en 2014-2015.  Aligné à gauche d’un milieu à trois, sans doute sa zone de prédilection, il arrivait, à 23 ans, aux portes de l’équipe de France.

Révélé à Guingamp, Giannelli Imbula déploie l’étendue de son potentiel à Marseille.

… mais en proie à une carrière instable depuis 2015…

  • Confronté à des problèmes financiers, le club phocéen est contraint de vendre ses meilleurs éléments durant l’été 2015, dont Imbula. Après un départ avorté vers l’Inter Milan, le joueur met finalement le cap sur Porto, où il devient alors le transfert le plus cher de l’histoire du club (€23 m). Depuis, la carrière du joueur connaît un véritable déclin. Malgré un bon départ chez les Dragons, il disparait progressivement du onze de départ à partir de novembre. La faute à la résurgence d’une nonchalance défensive qui avait disparu sous Bielsa, aux irrégularités et une relation conflictuelle avec Julen Lopetegui, qui avait pourtant comparé les aptitudes du joueur à celles d’une « Ferrari » avant son arrivée.
  • Cherchant une porte de sortie rapide, il est prêté à Stoke City durant l’hiver 2016. Encore une fois, il fait forte impression dès son arrivée début et reçoit les louanges de ses partenaires pour son talent indéniable. En Premier League, il termine la saison en tant que révélation du club. Flairant le bon coup, les Potters n’hésitent pas à casser leur tirelire pour obtenir la signature permanente du joueur, encore pour un montant record (€24m).

Son départ à Porto durant l’été 2015 marque un frein dans la progression du joueur.

  • Cependant, l’édition 2016-2017 ne démarre pas sous les mêmes augures. Stoke démarre très mal sa saison (aucune victoire sur les sept premiers matchs) et Imbula ne se distingue pas par son investissement. Il perd rapidement sa place dans onze de départ, qu’il ne récupérera que sporadiquement au cours de la saison. A partir de mars, il ne dispute plus la moindre minute au cours d’une saison qui voit pourtant Stoke finir 13ème en championnat.
  • Prêté à Toulouse en 2017-2018 pour se relancer, il y échoue dans une Ligue 1 qu’il avait pourtant a éclaboussé de son talent trois ans plus tôt. Tancé par l’entraîneur Pascal Dupraz pour son manque d’investissement à l’entraînement, il termine tout de même la saison avec 32 matchs au compteur, pour 1 but marqué et 2 passes décisives délivrées. Chez les Pitchouns, il évolue avec Firmin Mubele, qui lui parle régulièrement de la sélection. 
  • Toujours sous contrat avec Stoke qu’il ne souhaite pas suivre en Championship, il décide de découvrir la Liga via le Rayo Vallecano qu’il rejoint en prêt Fidèle à son habitude, il commence très bien, et surnage au milieu d’une saison collectivement galère pour les Franjirrojos, qui ne s’extirpent pas de la zone de relégation. Son début de saison prometteur est également ponctué d’un but splendide face à Huesca (voir-ci dessous). Néanmoins, une blessure aux adducteurs survenue contre l’Atlético Madrid en février dernier marque un tournant négatif dans sa saison. En outre, le remplacement de Míchel par Paco Jémez au poste d’entraîneur lui est fatal, et il disparaît des radars après un dernier match contre Villarreal en mars, où il délivre sa seule passe décisive de la saison.

… que la RDC pourrait relancer ?

 

  • Ayant échoué à pleinement se relancer au Rayo, Imbula est désormais de retour à Stoke, englué en Championship, et se retrouve dans une impasse sans précédent. A désormais 26 ans, alors que l’équipe de France semble à des années lumières, il saisit finalement l’opportunité de représenter son pays d’origine, juste avant la CAN. En effet, une compétition aboutie pourrait lui permettre d’attirer à nouveau les projecteurs sur son potentiel et sauver sa carrière. Une décision pas si surprenante, somme toute…
  • Un point positif est à noter : si le dossier du joueur est validé à temps (il est né Congolais mais s’était naturalisé Français en 2013 et avait été sélectionné avec les bleuets, ce qui rallonge la durée du processus), il devrait arriver en sélection armé d’une motivation qui lui a parfois fait défaut en club, et serait disposé à exprimer le meilleur de lui-même. Cette arrivée pourrait donc être un bon compromis pour les deux parties, entre un joueur désireux de sauver une carrière au point mort et une sélection ambitieuse, en quête de se rassurer sur ses objectifs à la CAN après une année 2018 décevante.
  • Si certains supporters se sont félicités de la présélection d’Imbula, beaucoup ont perçu de l’opportunisme dans ce choix tardif de la part du joueur, survenu juste avant une CAN pour laquelle il n’a pas participé aux éliminatoires préalables malgré les sollicitations répétées. Cependant, il convient de se rappeler que Gaël Kakuta, son coéquipier au Rayo cette saison, déclinait en 2011 la présélection de Claude Le Roy, déclarant ne vouloir jouer « que pour la France« . Six ans plus tard, le joueur formé à Chelsea inscrivait un coup-franc victorieux face au Kenya pour son premier match avec les léopards…  et semble avoir été pardonné de ses déclarations passées. Comme lui, Giannelli Imbula saura-t-il faire oublier son attitude blessante vis-à-vis des léopards ? Être taxé d’opportunisme et d’égoïsme, le joueur doit en avoir pris l’habitude au cours de sa carrière tumultueuse… La meilleure réponse sera sans aucun doute celle du terrain.

Articles liés

P